Ludovic Goubet est un français expatrié au parcours riche et conforme à la démesure de son personnage. Patron d’un célèbre bar de Rock aux USA, boulingueur et expérimentateur, il a trouvé dans la photographie un moyen formidable de jouer à cache cache avec ses désirs et fantasmes. Entretien avec le photographe, mais surtout avec l’homme qui, mine de rien nous dit des choses essentielles sur l’Art et la vie... |
Interview pour lemague.net : 01/25/2005 |
1. Bonjour Ludovic Goubet, en regardant vos photos on peut dire que votre champ d’action artistique va du Glamour au Porno chic en passant par un soupçon de Trash... Oui, sa sonne bien, je crois que je vais garder cette définition, pour l’instant. Car très prochainement je vais aussi présenter des photos très douces et sensuelles. En fait j’ai commencé par le nu classique à cause du fait que je vivais en Alabama et que pour la plupart des filles, montrer ses seins n’était pas chose facile à faire. Alors par le biais de l’art je les ai effeuillées, d’abord le dos, puis en suite les jambes. Avec le temps elles y ont pris goût, pour notre plus grand bonheur à tous. Mais il était très dur de décider d’un champ d’action artistique, car j’étais toujours soumis aux limites morales des modèles. Une chose est sûre je suis intéressé par toutes les formes d’expression sexuelle et artistique. 2. Un photographe, c’est d’abord un grand voyeur ? Un photographe n’est pas un voyeur, c’est un exhibitionniste... Surtout les paparazzis. Moi je suis devenu voyeur a cause de la photo. Je ne peux pas m’empêcher de regarder les femmes qui ont belle alure. Celles qui viennent de faire l’amour ou de lire une lettre d’amour. Les hommes sont très beaux aussi lorsqu’ils pleurent . Mais je n’en suis pas encore à faire les cabines d’essayage !!! 3. Vos photographies ne nous disent pas explicitement quel regard désirant vous êtes, hétéro ou bisexuel, vous aimez cultiver l’ambiguité du regard posé... Il est vrai que la plupart des photographes de nus se spécialisent très vite dans un style bien défini. Je les appelle des binaires. Il ne m’interesse pas car leurs oeuvres sont le produit de nombreuse années de recherche sur le même sujet. La photographie doit rester (à mon avis) un moyen d’agrémenter la vie en saisissant l’instant magique et intemporel. Les photographes qui préparent une photo en choisissant le modèle, le décor, l éclairage... etc, etc ne sont pas des photographes, se sont des peintres frustrés. Et c’est la même chose avec la sexualité. Hétéro , Bisexuel , homo , j’en ai rien à "foutre" de tous ces termes rassurant. Mes photos représentent des êtres Humains, qui sont parfois ambigüs. 4. Il y a un côté terriblement "amateur " dans votre travail, dans le bon sens du terme évidemment. Etes-vous d’accord avec cela ? Dans tous les sens du terme en fait. Je n’ai jamais suivis de cours et je ne gagne pas ma vie en faisant de la photos. Mais oui, j’adore prendre des photos. Je crois que pour un homme qui aime la compagnie humaine une séance de photos est toujours un moment privilegié et secret qui laisse des traces à tout jamais. Surtout lorsque le modèle revient régulièrement et qu’une confiance unique s’installe. Je pense que le photographe de nu, est l’aimant le plus redouté de tous, car avec une photo il peut faire pleurer ou bien rire de joie et ce pour la vie. 5. Vous êtes très sensible aux formes et aux mouvements des corps qui vont vers la fusion dirait-on ? Heureusement, sinon je changerais de hobbie. 6. Est-ce que la photographie calme ou alimente vos fantasmes ? Je réponds la même chose que Hugh Heffner : Ca dépend de la fille sur la photo... En fait je repondrais les deux. Je fantasme énormement avant de rencontret un mannequin, mais je suis de nature très rêveur et utopiste. J’ai grandi dans la banlieue grise de Paris, je suis petit, je ne ressemble pas à George Clooney et Rocco Sifredi me fout la honte, du coup je fantasme beaucoup. Mais en fait, je crois (et là je vais vous dévoiler un secret d’intérêt mondial) que le fantasme est simplement une prémonition de ce que l’on peut réaliser si on s’en donne les moyens. Je suis passé de musicien de rue à patron d’un des plus fameux club de Rock des Etas-Unis, "The Chukker", (Jimmy Hendrix, the Rolling stone, R.E.M entre autres ont joué là-bas) et je me baladais en Cadillac avec une femme qui imposait le silence en entrant dans un restaurant. Tout cela, c’est du fantasme réalisé. Mais c’est vrai que d’une certaine facon la photo de nu ma permis de calmer mes fantasmes sexuels. J’ai enfin le plaisir d’être en compagnie de très belles femmes regulièrement, je les regarde se changer, se maquiller, prendre la pose, rire, jouer les femmes fatales, les petites filles, et en plus elles me racontent parfois leurs secrets ( c’est fou ce qu’ une femme peut dévoiler lorsqu’elle est nue). Bien sûr n’allez pas croire qu’il se passe des choses entre mes modèles et moi, ça c’est un fantasme que j’ai appris à ne plus avoir. Je pense que beaucoup de personnes ont ce desir de faire de la photo pour cette raison. Je l’ai eu, je l’avoue. Mais c’est un fantasme que la photo a calmé. 7. C’est quoi le style Goubet si vous deviez le définir vous-même ? Louis XIV sans hésiter. D’ailleurs je lui ressemble. La dernière fois que j’étais à Versailles en compagnie du peintre surréaliste Mitchell Cashion, les touristes s’arrêtaient pour nous prendre en photo, devant une grande toile du roi. J’ai le sens de la démesure. Mon style est multiculturel, j’ai vecu en Espagne aux Caraïbes et 16 ans au Etats-Unis. Mes influences pourront peut être révéler mon style. Saudek, Brassai, Hamilton, et le maître du porn-art Andrew Blake. Je crois qu’en fait je n’ai pas un style bien défini, sa doit être ça le style Goubet. 8. Quelles sont vos plus belles rencontres par la focale ? Celle qui ma fait le plus de mal ! Mon ex ! 9. Qu’est-ce qu’il y a de romantique dans le fétishisme ? Tout, bien sûr ! A part peut-être le nom... 10. Par quoi avez-vous envie de terminer cet entretien ? Par dire un grand merci à Bill Gates et a tous les genies qui on inventé l’internet. Il n y a maintenant plus aucune possibilité de censure de la part de n’ importe quel gouvernement. Je crois que l’Internet sera la creation la plus importante de toute l’ histoire de l’Humanité. Par dire qu’il faut faire attention aux Américains qui détiennent le pouvoir. ils n’ont aucune envie d’être utile, juste d’être futile. Par dire qu’il y a en ce moment un marcher au models des pays de l’Est qui ressemble beaucoup à un marché aux esclaves et qu’en suportant tous ces sites porno sur Internet nous participons à cette abération. Par demander où sont passées les belles femmes francaises qui faisaient tourner la tête au monde entier ??? Mesdames,il est de votre devoir de vous dévêtir, il en va de la réputation internationale de notre cher pays. Je suis prêt à me sacrifier pour la reconquête de cette réputation tant convoitée. |